Je me suis avancée entre tes cuisses, d’abord un peu timide, puis aventurière de tes désirs. Une sorte d’arche s’est ouverte à la naissance de ton ventre, je me suis approchée car elle semblait solide. Mais chaque fois que je m’approchais l’arche disparaissait, s’évanouissant au-dessus de l’oreiller où la houle de tes cheveux ondulait.

Mes lèvres se sont alors promenées sur ton mont de Vénus, si chaud qu’il me sembla gorgé de soleil nocturne, comme si l’astre avait éteint la lumière mais gardé toute son incandescence.
L’arche réapparut ; je vis des couleurs s’y dessiner, cependant je ne pus mettre un nom sur ces teintes-là, car je sentais bien qu’elles n’existaient pas en réalité, et que c’était ton plaisir qui les créait au fur et à mesure de ses vagues.
Ton clitoris m’apparut tel le centre d’un cœur – la petite zone ultra-sensible où tout se résume, tout se joue dans un si minuscule espace pourtant – tout se construit et se déconstruit au rythme de pulsations à peine perceptibles.
Il battait comme mon cœur, ton clitoris ; cela me stupéfia de percevoir ses sons exactement similaires à ceux qui perçaient ma poitrine.

Ma main chercha tes seins, les trouva, les malaxa, roula la pointe entre deux doigts jusqu’à ce que eux aussi durcissent, et que le plaisir te sillonne en tous endroits. La marée montait, puis descendait, j’avais la tête submergée de toi, et quand je respirais je le faisais dedans toi, dans ta caverne merveilleuse où je pus, l’espace d’un très court instant, découvrir ton trésor intime.

Mais ce ne fut qu’un éclair blanc, un morceau de temps arrêté, où je crus entrer en toi et devenir toi, me transformer en ta chair et palpiter avec elle de chaque élément dont je suis composée.
Mes doigts te pénétrèrent, ils n’étaient plus doigts mais prolongement de mon sexe – ils étaient mon sexe même s’unissant au tien, allant se ressourcer à ta sphère intime, ton précipice amoureux – cette falaise où tu t’élanceras bientôt pour devenir femme ailée, femme survolant l’Univers et l’infinité des galaxies dans ton ultime cri d’abandon.
En toi je suis allée et venue ; par moments s’ouvrait une bien belle grotte, où luisaient beaucoup d’inscriptions. Mais à peine commençais-je à vouloir les lire que la grotte se cachait de nouveau à mes regards, et l’accès se recouvrait d’arbustes protecteurs.

Je crus pourtant déchiffrer une phrase, juste à l’entrée où se formait des îlots de lumière à chacune de mes incursions.
C’était : « Aime-moi. » Loin d’être banale, cette phrase inscrite sur l’une des parois de la grotte me signifiait un message – un code au fond. Les mots semblaient rebattus, mais ils me confiaient un autre sens – leur secret.
Le plaisir s’en fut, puis revint, puis s’en fut ; je guettais les mots qui n’apparurent plus.
Me retirant de toi, t’embrassant, t’étreignant, te disant mon amour maladroit, je voyais toujours cette demande brillante s’afficher dans ton corps : « Aime-moi. »

Soudain je compris. C’était : « Invite-moi. » « Berce-moi. » « Enlève-moi. » « Rêve-moi. » « Invente-moi. » « Prends-moi et rends-moi à moi. » C’était : « Crée-moi dans moi et par moi. »
Je fermai les yeux, songeant au saut magique que j’accomplirais bientôt, m’élançant, telle la folle prise et éprise d’amour, depuis la falaise de ton corps jusqu’au cœur de Toi – ton mot ultime…