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Au gré des « pierres blanches et des pierres noires », Vanessa Arcos raconte comment Les orteils se dressent pour écouter

Au risque de passer pour une gobe-mouche, je viens (encore) faire état ici d’une saisissante rencontre permise grâce aux réseaux sociaux, pourtant si souvent décriés. Vanessa Arcos est ce qu’on appelle une belle personne que je vous invite à découvrir et à lire sans tarder.

« Tout le monde a des pierres blanches et des pierres noires sur son chemin », écrit Vanessa Arcos dans l’interview sensible qui suit – et cela m’a fait sourire, car justement, la collection que je souhaitais créer en tant qu’éditrice s’intitulait Pierre blanche (mais je me suis vu opposer que cette expression était « trop abstraite » pour le grand public – que nenni en vérité !).

L’autrice sait de quoi elle parle en matière de Destinée, alors que, enfant, elle voulait avoir « le rôle du gentil, de l’innocent, du héros », « pourchasser la laideur, la méchanceté et la bêtise » – mais aussi être « celle que l’on ne rattrape pas ».

Plus tard, elle comprendra que « rien n’enfermera jamais » celle ou celui qui « saura revenir sur ses pas et ajuster sa trajectoire aux situations ».

Elle percevra d’autant mieux cette maxime qu’elle-même se trouvera confrontée à « l’erreur », devenue un « personnage de fiction, englué dans de faux récits », alors que ses « managers » seront des « gourous, des manipulateurs » ayant pour objectif de « formater, endormir les esprits, pour mieux les asservir ».

Photo : ©MartineRoffinella.

C’est alors qu’elle se remet « en marche et en marge » – « il fallait que je sorte de ma route », écrit-elle, « il me fallait une déliaison » et « aller en dehors de ma zone de confort chercher des réponses » ; « que je me perde avant de me trouver » , « partir seule », mais dans « un mouvement avec du sens ».

Vanessa Arcos décide ainsi d’aller « marcher sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle pendant trois semaines : deux cent cinquante kilomètres entre Le Puy-en-Velay et Figeac – de la Haute-Loire à la Vallée du Lot, en passant par la « granitique Margeride, le Gévaudan, le plateau de l’Aubrac en Aveyron ».

Le récit de cette expérience vaut vraiment le détour – et je ne veux pas vous en dévoiler ici toute la magie, car c’est dans la lecture de l’ouvrage de Vanessa Arcos que chacun·e puisera sa propre petite dose de beauté pour atteindre les « rives de soi, extraordinaires rives de l’âme ».

Surtout : ne plus « avoir peur de soi, ni de ce qu’on pourrait y trouver, d’inconnu ou d’étranger » ; « écouter le chant du monde ».

Après ce pèlerinage, pour Vanessa débute un « parcours initiatique », avec la naissance de Valentine, enfant « porteuse de trisomie ».

Comment l’autrice réagira à cet événement jusqu’à « l’acceptation absolue » ?

L’interview ci-après vous donne quelques indices – qui sont autant d’éléments correspondant à la définition, certes un peu galvaudée, de ce qu’est une belle personne.

EXTRAIT (p. 190-191) :

« Créer un livre qui deviendrait ce que chaque lecteur a envie de voir et de retenir. Un espace de liberté, un champ d’inspiration pour configurer sa vie ou reconfigurer son existence.

Un livre comme une balise, sur le chemin des lecteurs qui auront eu le goût et le courage de lire l’aventure jusqu’au bout. Un récit de vie qui encourage chacun et chacune à ne jamais s’arrêter de marcher, à créer son mouvement et à en rester maître. »


La parole à Vanessa Arcos

©VanessaArcos.

Lorsque j’étais enfant, je ressentais que la vie était d’une profonde gravité et en même temps d’une infinie liberté.

Je ne savais que faire de cette idée, ce n’était pas encore le moment de construire dessus. Ce n’était qu’une intuition. Je n’avais que mes baskets aux pieds pour m’entraîner dans des contrées inexplorées, pour sentir et découvrir le monde.

Photo : ©VanessaArcos.

À l’adolescence, j’ai commencé à voir l’existence comme un ensemble de petits scénarios dans lesquels nous devons nous débattre et tirer notre épingle du jeu, jour après jour.

La lecture et l’écriture sont alors devenues pour moi des choses profondément naturelles et salutaires.

J’ai lu en autodidacte, tout ce qui pouvait me tomber sous la main. J’ai toujours été sensible aux mots, à leur message, à leur musique.
Découvrir des auteurs et de grandes œuvres m’a permis d’aiguiser ma réflexion sur l’existence, sur les autres et sur moi-même.
J’ai commencé à écrire des poèmes, des chansons, des pensées.
J’ai ainsi découvert que la littérature et l’écriture sont des terres de liberté et d’apprentissage.
Elles enrichissent, elles guident, elles déplacent.

Photo : ©VanessaArcos.

Malgré ma passion pour les lettres, j’ai opté pour des études de droit. J’ai quitté rapidement cette filière qui n’a pas tenu toutes ses promesses. J’avais un peu trop fantasmé ce type d’études.
J’ai bifurqué dans les ressources humaines et suis devenue responsable de recrutement. Je voulais travailler avec l’humain, c’était la voie idéale.

La vie a suivi son cours et j’ai continué d’écrire dans mon coin à des moments perdus.

Puis un jour de courage et d’audace, j’ai envoyé un manuscrit à Martine Roffinella, alors éditrice.

Je lui ai proposé un tapuscrit très atypique, ne croyant pas franchement qu’il allait rentrer dans sa ligne éditoriale.
Effectivement, il ne correspondait pas à ce qu’elle attendait.

Néanmoins, elle a pris le temps de me répondre et m’a encouragée à chercher un éditeur car elle trouvait que l’écriture méritait publication.

Elle m’a donc orientée vers une lectrice professionnelle de sa connaissance, Colette Chevolleau. Grâce à elle, j’ai compris à ce moment-là qu’il fallait avant toute chose répondre au besoin éditorial d’une maison pour espérer y prospérer. Ce qui va bien au-delà de la fameuse ligne éditoriale.

Je me suis instantanément lancé le défi d’écrire un ouvrage correspondant à la maison d’édition, spécialisée dans le « développement personnel », où travaillait Martine.

J’avais toute la matière en moi pour cela.

Photo : ©VanessaArcos.

J’ai donc mis deux mois pour écrire Les orteils se dressent pour écouter.
C’est le temps qu’il m’a fallu pour construire les quatre parties de mon livre.
Tout est venu comme une évidence.
Colette a toujours été là pour m’encourager et me proposer son aide pour les corrections.

Alors que le tapuscrit est tout juste achevé, Martine m’annonce qu’elle démissionne de son poste d’éditrice.
Je me suis dit que la chance me tournait le dos !
J’ai contacté divers éditeurs et je suis allée vers Encre Rouge, qui a été le premier à me répondre.
Plus de deux mois et demi après, une maison très connue m’a répondu positivement et l’ancien patron de Martine était intéressé.
Au final, trois éditeurs intéressés pour un seul tapuscrit. C’était inespéré !

Photo : ©VanessaArcos.

La construction de mon récit repose sur quatre mouvements.

Comme quatre espaces-temps où les choses, les êtres, les circonstances se rapprochent, s’imbriquent ou s’éloignent, ne cessant jamais de déposer en soi la marque de la destinée.

Quatre parties d’une existence – vagabondage, errance, pèlerinage et parcours initiatique –, pour un récit de vie autobiographique qui a pour fil rouge l’apport de la littérature et de la philosophie.

Le lecteur suit pas à pas le déroulé de mes aventures de vie, comme les péripéties d’une héroïne de roman devant les chausse-trappes, les axes labyrinthiques et les moments de répit.

Il suit mon évolution et mon étayage d’un point de vue spirituel et intellectuel, de l’enfance à la maturité (j’ai quarante-deux ans), où les pierres blanches et les pierres noires jalonnent l’existence.

Photo : ©VanessaArcos.

Je ne raconte pas une vie extraordinaire, extravagante ou même tragique.

Tout le monde a des pierres blanches et des pierres noires sur son chemin. La vie n’est pas un long fleuve tranquille.

Je ne veux pas révéler la trame narrative mais je peux quand même dire dans les grandes lignes que le monde du travail, un pèlerinage à Compostelle et la naissance d’un enfant différent nourrissent les remaniements intellectuels et spirituels dont il est question.

Dessin d’enfant. ©VanessaArcos.

Dans cet ouvrage, je conte une existence semblable à celle de tout un chacun, où la réflexion et l’analyse permettent de faire évoluer l’angle d’observation, donc la possibilité que nous avons de construire notre réalité pour choisir en conscience notre parti pris de vie.

J’ai voulu peindre mon parcours personnel pour l’inscrire dans la recherche d’un destin où la liberté et la cohérence intérieures sont prioritaires sur toutes autres choses – et ne sont jamais négociables.

Malgré les vicissitudes de l’existence, j’avance, je grandis et veille à ne jamais trahir mes valeurs.

Je suis debout, je marche sur les chemins de la vie et ne cesse de me découvrir.

Photo : ©VanessaArcos.

 La portée de ce livre se situe bien au-delà de ma petite personne.
Il se veut universel, dans la mesure où nous avons tous des destinées plus ou moins labyrinthiques.

Entre la naissance et la mort, notre seule liberté réelle est de cheminer, d’évoluer. Il s’agit donc de le faire de la meilleure des manières, pour donner un vrai sens à nos vies.

Il s’agit de trouver le chemin le plus radieux, le ciel le plus immense.

Façonnée depuis mon adolescence par la littérature et la philosophie, il me semblait évident d’écrire quelque chose construit autour de tout cela.
C’est tout naturellement qu’une citation de Nietzsche m’est venue pour définir le parti pris de mon livre.

« Les orteils se dressent pour écouter », disait le philosophe, la pensée est au bout des pieds ; les chemins de nos vies, à portée de semelles.

Source image : Pixabay.

 Marcher toujours, ne pas s’arrêter, pour initier le déplacement.

Ouvrir la voie au changement et vivre sa vie en conscience ; réfléchir pour ne pas subir.
« Être cul-de-plomb, voilà par excellence le péché contre l’esprit ! » écrivait Nietzsche.
Ne jamais oublier d’être en mouvement, pour s’assurer d’aller marcher sur de nouveaux chemins et y croiser des pierres blanches, y faire des rencontres hors du commun, parfois placées sous le signe de l’ésotérisme vécu.

Dans la vie, tout est question de rythme, de mesures et de pas.

Source image : Pixabay.

Ce destin, insaisissable mouvement, s’incarne dans nos déplacements pédestres – pas en avant, pas de course, pas de côté, pas en arrière –, pour mieux nous faire cheminer intellectuellement et spirituellement.

Quand la vie est simple, quand elle s’écrit toute seule, on ose faire le premier pas, puis on décide de faire un grand pas ; parfois même, on accélère pour faire des pas de géant.
Mais il arrive que des événements ou des circonstances fassent que l’on revienne sur ses pas, que l’on réfléchisse et que l’on marque le pas.
Notre impatience nous joue des tours, nous obligeant à faire les cent pas, à tourner en rond, sans savoir où aller, mais attention aux faux pas !
On trébuche et on se prend les pieds.
Les déplacements physiques entraînent des mouvements intellectuels – des remises en question, des remaniements, des évolutions spirituelles.

Penser, c’est marcher avec son esprit.

J’ai construit ce récit de sorte qu’il soit parsemé de nombreuses références littéraires, posées comme des balises dans l’existence, des marques de réflexions et d’actions.
Elles sont les pulsations du livre et ont une vraie fonction narrative.

La littérature et la philosophie m’ont toujours accompagnée dans ma vie, elles sont mes deux grandes passions. Elles devaient ici logiquement m’escorter.
Le lecteur croisera tour à tour Rimbaud, Mauriac, Nietzsche, Louis de Mailly, Sénèque, Henri Michaux, Paul Ricœur et Georges Canguilhem.

Mon propos est clairement de montrer que certaines œuvres littéraires, si elles impressionnent et freinent parfois la curiosité, peuvent être très accessibles et enrichir la vie de tout un chacun.
J’ai choisi des citations, des extraits qui parlent à tout le monde.
Il est facile de se les approprier et de mettre dans sa vie de la poésie, de la philosophie – de la vérité, de l’humanité.

S’il ne fallait retenir qu’une phrase sur tout ce que j’ai dit : Les orteils se dressent pour écouter est un livre sur la liberté, sur l’espoir, sur la résilience.

Ne jamais oublier de se mettre en mouvement pour cheminer ; ne pas rester bloqué·e·s, quoi qu’il puisse nous arriver.
La solution est en nous et nous appartient toujours.
Le mouvement c’est la vie !

Photo : @MartineRoffinella.
Les orteils se dressent pour écouter, récit de Vanessa Arcos, publié aux Éditions Encre Rouge, 20 euros.
Retrouvez Vanessa Arcos :

Sur Facebook : Vanessa Arcos
Sur Twitter : @VanessaArcos_
Courriel : mmev.arcos@gmail.com

 

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4 commentaires sur “Au gré des « pierres blanches et des pierres noires », Vanessa Arcos raconte comment Les orteils se dressent pour écouter”

  1. Tout d’abord un grand merci à Martine pour m’avoir adressé Vanessa. Tu as raison, c’est une très belle personne. Cheminer à ses côtés dans cette aventure éditoriale fut un plaisir. Face à l’adversité, Vanessa ne se laisse jamais aller à la plainte, rebondit toujours. Elle analyse le monde avec un prisme qui lui est propre et génère une grande force. Je recommande vivement son livre car on a le sentiment d’être à ses côtés et d’absorber une bonne dose d’énergie. Je rêverais de lire un ouvrage consacré uniquement à son pèlerinage. J’imagine les carnets, les croquis, les photos, les poèmes, toutes ces petites touches bien à elle. Un ouvrage unique ! Un deuxième pèlerinage pour l’occasion Vanessa ? 😊

  2. Mes orteils ont été ravis de croiser les vôtres et de progresser à vos côtés.
    Un bout de chemin plein d’apprentissages !
    Voilà que vous évoquez de nouvelles routes… Un nouveau pèlerinage pour l’occasion ? En voilà une idée ! Gardez vos baskets à portée de main !

  3. Une bonne dose d’énergie dans tous ces propos ! Oui la vie est dans le mouvement et les éléments, vous avez tout compris Chère Madame. En partage. Erik Poulet-Reney

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