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Et si la religion n’était pas spirituelle ? Au gré de découvertes surprenantes, Jean-Marie Gobry s’adresse aux athées comme aux croyants

Cause de « fanatisme » pour les uns, « facteur de paix » pour les autres, la religion est de tous les débats. Dans un essai dont le titre pose question : « Et si la religion n’était pas spirituelle ? », Jean-Marie Gobry nous éclaire sans violence et avec limpidité.

Comme si de rien n’était, et avec une simplicité lumineuse, Jean-Marie Gobry nous amène à des investigations de poids.

Partant de la « seule certitude » que « l’homme n’est pas l’agent de la potentialité d’énergie qui se révèle en permanence », et que munis de ce constat, nous devons tou·te·s « penser » notre « rapport au monde », il est légitime voire conseillé de s’interroger sur ce qui nous « dépasse » : « Dieu, Source, Conscience, Esprit, Souffle, Vie, Soi… »

Photo : ©RoffinellaMartine.

Quid, dans ce cas, des religions ?

Constituent-elles la voie royale, le sésame pour se rapprocher de la « puissance infinie » du divin ?

Autodidacte et fort de ses nombreuses expériences – d’abord entré au Petit Séminaire de Troyes pour devenir « Père Blanc », puis membre d’un ordre de maçonnerie templière, en passant par une communauté de chrétiens orthodoxes de tradition russe, etc. –, Jean-Marie Gobry mène une quête initiatique qui m’a spécialement touchée par son authenticité.

À une époque où il est difficile de prononcer le mot « religion » sans se voir opposer le statut « laïque » de notre société (« terme dont le sens reste ambigu en raison de ses origines chrétiennes ») et ses « valeurs dites “républicaines” », l’essayiste pose brillamment la vraie question de la spiritualité – « où se cache-t-elle ? Est-ce dans la religion ou hors d’elle qu’il me faut la chercher ? »

Photo : ©RoffinellaMartine.

Au travers d’une vingtaine de chapitres aussi divers qu’instructifs – et jamais ennuyeux –, Jean-Marie Gobry nous confie les matériaux de notre propre avis à construire et de nos réflexions à étayer.

Inutile de préciser que cet ouvrage a sa place sur toute table de chevet qui se respecte, et c’est avec plaisir que j’ai invité son auteur à venir expliquer ici son travail.


La parole à Jean-Marie Gobry

Collection personnelle de J.-M. Gobry.

En mettant noir sur blanc mes interrogations et mes premières hypothèses concernant la religion, je n’avais pas d’autre objectif que celui de clarifier ma pensée.

Pour moi-même, bien sûr. Mais aussi pour répondre à celles et ceux qui semblaient me reprocher d’avoir ébranlé leur institution par mes remises en question permanentes.

Depuis une douzaine d’années, je cheminais en effet dans une organisation initiatique christique, partageant un engagement chevaleresque nourri de hautes exigences morales et intellectuelles qui me convenaient parfaitement.

Épée templière.

Mais j’avais toujours privilégié le fond au détriment de la forme et je n’avais jamais caché mon peu d’intérêt pour les structures quelles qu’elles soient. Celles-ci ne finissaient-elles pas toujours par oublier leur justification initiale et par employer l’essentiel de leur énergie à leur simple survie ?

Sans oublier la propension qu’ont certains êtres à se complaire dans des fonctions d’autorité.

Bref, je considérais et je considère toujours qu’une structure n’est qu’un outil au service des hommes et qu’elle doit s’adapter en permanence pour accompagner les objectifs qu’elle offre aux personnes qui la constituent.
Objectifs immuables lorsqu’il s’agit de spiritualité.

Triptyque de ©Dominique Valle.

Dans le cas présent, je bousculais d’autant plus cette structure que j’en étais devenu l’un des piliers.

Mais comme mon unique but était de rester sincère envers mon aspiration à la spiritualité, j’avais cru – naïvement, je l’avoue – que mes coups de boutoir pouvaient être compris et même partagés.

En l’occurrence, nous réfléchissions à la religion et à son rapport à la laïcité.

Pour ma part, sorti d’une période d’athéisme combattif et après avoir passé quelques années à étudier l’hindouisme, j’avais à nouveau expérimenté le christianisme, dans sa forme catholique et orthodoxe, et fréquenté le protestantisme.

Photo : ©Michel Foucher.

De plus, j’étais curieux du judaïsme, de l’islam et du bouddhisme, découvrant leurs cérémonies au sein de leurs lieux de culte.

Au-delà de l’exotisme, toujours fascinant, je recherchais ce qui unissait toutes ces pratiques que je considérais comme autant de voies de réalisation spirituelle.

Après avoir lu un article signé Maurice Sachot[1], j’ai éprouvé le besoin d’ouvrir mon vieux dictionnaire de latin pour vérifier l’étymologie du mot « religion ».

Surprise ! j’ai découvert que ce dernier mot ne venait pas de religare (relier), ce que j’avais toujours lu et entendu, mais de religere (avoir scrupule).

Et si la religion définissait une chose beaucoup plus vaste que l’idée que nous en avons ?

Et si, plutôt qu’être le lien entre l’homme et Dieu, elle représentait ce que l’homme devait respecter scrupuleusement pour appartenir à un groupe social ?

Ma pensée s’est alors emballée. Puisant dans mon vécu, elle s’est mise à décortiquer les croyances et les rites que je connaissais, y trouvant des évocations de la spiritualité mais pas la spiritualité elle-même.

Période troublante et déstabilisante, mais ô combien excitante !

Il me semblait que j’avançais sur un chemin vierge.

Ainsi, ce que nous appelions communément « spiritualité » ne dépassait pas les domaines psychiques, sociaux et mythologiques.

Héloïse (Danièle Bouché), dans Héloïse Abélard ou les noces d’absence. Photo : ©Christian Sarrazin.

Aucun de mes échanges, aucune de mes lectures ne m’avait préparé à cette brutale évidence. Exception faite, peut-être, des enseignements écrits de Ramesh S. Balsekar, digne héritier de Ramana Maharshi et de Nisargadatta Maharaj.

J’en oubliais les raisons premières de ma réflexion, qui ressemblaient en partie à des justifications, pour tenter de définir ce que pouvait recouvrir ce concept de religion, passant outre les a priori de toute sorte.

Il me fallait mettre de côté mon affect et accepter sans jugement ce qui m’apparaissait comme juste.

N’ayant aucune méthode acquise, je naviguais à vue, m’égarant souvent sur des développements qui m’éloignaient de mon sujet.

Deux années d’errance à ne plus savoir pourquoi cette recherche me collait au cerveau.

Tant de choses accompagnent notre vie quotidienne, sans que nous en sachions les raisons. Tant d’actes sont menés à terme sans que nous nous interrogions sur ce qui les motive.

Pour recentrer ma pensée et mes propos, il me fallait arrêter un projet.

C’est ainsi que m’est venue l’idée de ce livre.

Jusque-là, je n’avais pas envisagé la publication, mes seuls écrits livrés au public étant des pièces de théâtre.

Écrire un essai sur la religion et sur la spiritualité, c’était entrer dans un autre monde, dont la porte avait été entrouverte, il est vrai, par les travaux entrepris durant mes années de franc-maçonnerie.

Mais à part quelques amis curieux de ces sujets, je n’avais aucune idée des personnes que cela pouvait intéresser.

Je savais d’autre part qu’il me manquait les références universitaires susceptibles de convaincre un éditeur de la légitimité de ma recherche.

Face aux érudits, je n’étais somme toute qu’un amateur, certes nourri d’expériences mais capable de commettre des erreurs d’observation et d’interprétation.

Fort heureusement pour moi, j’avais dans mon proche entourage deux « spécialistes » qui m’ont permis d’affiner certains aspects, sans alourdir mon propos.

Et mon ouvrage s’est construit en suivant ma logique intérieure.

Mon manuscrit achevé, relu cent fois et corrigé, je ne pouvais que rêver d’en faire un objet livre.

J’ai alors établi une liste de petits éditeurs qui publiaient des essais et leur ai envoyé mon manuscrit, sans trop d’espoir.

Celles et ceux qui ont tenté la publication savent ce que l’attente des réponses a de pénible et combien chaque refus est décevant.

Une édition, d’un certain renom, m’a répondu positivement, puis s’est désengagée à la suite d’un désaccord sur le titre de l’ouvrage.

Je me suis alors interrogé sur ma démarche, qui n’était pas celle d’un écrivain aspirant à faire carrière.

L’important pour moi n’était-il pas de réaliser un beau livre et de permettre à mon cercle d’amis d’y avoir accès ?

Après avoir éliminé les éditions à compte d’auteur, il me restait l’auto-édition. Composer moi-même le livre dans ses moindres détails et le faire imprimer.

Non seulement TheBookEdition.com à Lille répondait pleinement à ces critères mais il offrait trois autres avantages : me faire figurer dans un vaste catalogue, n’exiger aucun tirage minimum et se charger d’expédier tout livre commandé.

J’ose croire aujourd’hui que les personnes qui me liront grâce à Martine Roffinella auront plaisir à découvrir, comme moi, ce que peut révéler un mot comme « religion », et que mon modeste livre contribuera à stimuler leur propre recherche, passant outre les préjugés qui sclérosent la pensée.

Photo : ©RoffinellaMartine.
Et si la religion n’était pas spirituelle ? par Jean-Marie Gobry, essai, TheBookEdition.com à Lille, 12 euros.

Vous procurer l’ouvrage : https://www.thebookedition.com/fr/36342_jean-marie-gobry

Contacter l’auteur : jma.gobry-valle(arobase)orange.fr


[1] Professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’université de Strasbourg.

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4 commentaires sur “Et si la religion n’était pas spirituelle ? Au gré de découvertes surprenantes, Jean-Marie Gobry s’adresse aux athées comme aux croyants”

  1. Et si la religion n’était pas spirituelle ?! Le titre a lui seul nous embarque dans les meandres de notre questionnement… donne envie de tourner les pages de cet essai et de faire quelques pas avec vous Mr Gobry…

  2. La spiritualité, par l’essence même du mot, relève bien sûr de l’impalpable, elle offre à chacun la Source, à qui sait la recevoir, la percevoir. C’est au coeur de l’intime et de l’inexplicable, l’innommable. Le reste est affaire d’Etre, et de trouver sa place dans l’espace et dans l’Unité. Chapeau bas à Jean-Marie Gobry, pour ces questionnements légitimes et son souci de vulgarisation pour vivre surtout avec les autres dans ce partage.
    Erik Poulet-Reney

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