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Coup de chapeau à : Sandrine Wely

Sandrine Wely, artiste peintre diplômée des Beaux-Arts de Paris, est la nouvelle invitée de la rubrique « Coup de chapeau à », dédiée aux femmes de courage et de talent(s). Laissez-vous saisir par l’urgence de son univers, la musicalité et la poésie de ses couleurs.

J’ai découvert l’œuvre de Sandrine Wely grâce à une autre femme pleine de talents : Isabelle Triaureau.
Sandrine Wely vit et travaille à Paris.
Née en 1966, diplômée des Beaux-Arts de Paris, elle enseigne le dessin et la couleur à l’Institut Georges Méliès à Orly.
Immédiatement happée par la grâce presque tactile de son travail, et par la richesse de la palette d’émotions qu’il suscitait en moi – désir de faire mienne la beauté de ses sujets mus par l’attelage Éros et Thanatos –, je lui ai proposé de venir parler de son implication artistique et de son parcours.

Je lui laisse donc tout de suite la parole, dont il ne faut pas perdre une miette.

Autoportrait. Huile sur papier. ©SandrineWely.

 

« Je peins avec tout mon corps, je prends tout l’espace »

Une enfance sans paroles, sans tendresse et presque sans jeux.
Dans l’environnement sale et misérable que m’offrait ma nourrice lorsque j’avais quatre ans, seul le dessin était autorisé. Une heure pour dessiner, seule expression possible pour moi – l’heure des crayons de couleur – où je racontais en images mes ressentis.

L’heure des crayons de couleur. Série :  « d’Innombrables Heures ». Huile sur papier. ©SandrineWely.

Je m’appliquais et dessinais avec frénésie et une joie indescriptible. C’était une heure de liberté intérieure totale, entre le moment où l’on me ligotait à une table et celui où l’on méprisait jusqu’à mon existence.

Suspendue. Dessin au Bic noir. ©SandrineWely.

J’observais ce monde étrange en silence, ses habitants, ces drôles d’adultes.
J’observais la couleur des murs qui m’entouraient, couleur de l’humeur de ma nourrice, un vert moitié bileux, moitié poison.

Invocation. Série : « Promenade au bord du Monde ». Huile sur papier. ©SandrineWely.

Cette liberté avait un goût particulier, unique, je l’attendais de toutes mes forces.
J’étais chaque jour comme suspendue à un grand vide. Je tentais de le remplir avec le ruissellement de la pluie, les fleurs des cerisiers, les couleurs que j’imaginais pouvoir exister.

De tout mon être. Série : « Promenade au bord du Monde ». Huile sur papier. ©SandrineWely.

La peinture et la lecture ont été les plus grands chocs de ma vie. C’est en eux que je me suis reconnue, grâce à eux que j’ai appris à voler, à me raconter mes histoires.

J’ai commencé mon apprentissage à huit ans chez un professeur de dessin qui m’a appris la rigueur de la construction et un professeur de peinture qui m’a appris la musicalité et la poésie des couleurs. Je n’ai jamais cessé depuis, à apprendre de la vie, de la Nature, de mes observations et de mes nombreuses visions.

Ma mère collectait des images de peinture pour moi. Si bien qu’à cinq ans, je connaissais déjà quelques grands peintres et qu’adolescente, j’avais une solide culture artistique et je m’entrainais à copier les grands Maîtres.

Le grand Rodion en mouvement, qui raconte des histoires avec son corps. Croquis au crayon. ©SandrineWely.

Je peins à l’huile la plupart du temps. J’aime la texture de l’huile, ses exigences, ses contraintes, son odeur. Je me souviens enfant faire sonner la toile, la caresser et la sentir, respirer le parfum du gesso, c’était divin. Ça l’est toujours. J’aime les parfums, je travaille le fusain au son qu’il fait sur le papier ou la toile, j’aime toucher autant que voir. Je peins avec tout mon corps, je prends tout l’espace.
J’explore pourtant régulièrement d’autres techniques, d’autres écritures, comme le monotype, les encres, le fusain…

Je travaille par séries. Lorsqu’une vision s’impose à moi, je la torture jusqu’à épuisement, dans une urgence absolue.
Dans ces périodes de création, je vis entre les mondes, les images se superposent avec le risque de me perdre dans une autre réalité. Je suis souvent au bord du monde, connectée à un ailleurs. La peinture est une expérience de plus en plus mystique, reliée au sacré.

Lorsque tout cela a pris forme, lorsque les images sont faites, elles prennent vie dans le regard des autres et ne m’appartiennent plus.
Elles sont vibrations, elles doivent battre dans d’autres cœurs.

La Nuit était trop Sombre. Série : « La Mer n’existe pas ». Monotype. ©SandrineWely.

J’ai eu la chance de faire des rencontres artistiques inspirantes et de participer à de beaux projets poétiques, la dernière en date étant la collaboration avec Isabelle Triaureau, pour la couverture de son recueil de poèmes Amours et Déchirures, paru aux éditions Le Lys Bleu, ainsi qu’un projet en cours.

Couverture : Amours et Déchirures, d’Isabelle Triaureau (éd. Le Lys Bleu).

La couverture du recueil de poèmes de Magali Turquin également, en cours.
La couverture du premier roman de Béatrice Castaner, Aÿmati, paru chez Serge Safran.

Couverture : Aÿmati, de Béatrice Castaner (éd. Serge Safran).

J’explore à nouveau la poésie de Sapphô de Mytilène en ce moment, à l’encre.

J’enseigne le dessin et la couleur depuis dix-huit ans à des jeunes adultes en prépa, depuis une douzaine d’années à l’Institut Georges Méliès à Orly.
Enseigner, c’est passer à des jeunes des outils que j’ai forgés à ma main, afin qu’à leur tour, ils forgent les leurs. C’est se souvenir qu’on a débuté et qu’on a souffert, parce qu’ouvrir les yeux est douloureux, et c’est aider, accompagner sur ce difficile chemin qu’est l’apprentissage, les accompagner vers l’autonomie du regard et leur faire prendre conscience d’une lignée, d’un héritage et d’un pas sage vers ceux qui viennent.

Femme étoile. Monotype et gouache. ©SandrineWely.

 


En savoir plus sur Sandrine Wely 

Site : www.sandrine-wely.com

  • Expositions à titre personnel

1997-2005 : Séries « Ponts et Cales », « La Dernière Parole d’Eugénie », « Portes et fenêtres »,
« l’Autre et son Ombre »

  • Expositions individuelles 2005-2019

« La Mer n’existe pas », 2019 – Mission Bretonne, Paris
Série « Les Métamorphoses », 2006 – Galerie 96 et Festival Api’Art, Parc National du Perche

  • Expositions collectives

Série « d’Innombrables Heures », Galerie Philippe Lawson, Jeu Féminin Singulier
« Un Long Moment de Silence », 2006 – Galerie Valérie Gérablie, La Peinture dans tous ses états
« Papes Sanguinaires », 2005 – Galerie Valérie Gérablie, Sensibilités Singulières
Série d’acryliques sur papiers pour la Galerie L’Alchimiste (Isle-sur-la-Sorgue), 2004

Contacter Sandrine Wely 

Courriel : sandrine.wely(arobase)gmail.com
Facebook : @SandrineWely.Peintre
Linkedin : Sandrine Wely

 

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8 commentaires sur “Coup de chapeau à : Sandrine Wely”

  1. Un regard aigu pour tisser une présence et la matière devient chair. Alors on peut lire la peinture au lieu de la regarder. Les arts se répondent et le tableau devient poème.
    Apprendre à regarder , voilà le plus bel élan vers les autres !

    Merci à vous.

  2. Merci Martine Roffinella pour “ce coup de chapeau” à Sandrine Wely, elle le mérite infiniment tant son travail pictural, par sa profondeur, sa force et son authenticité se rapproche de l’écriture.
    Sandrine, je suis toujours aussi fortement impressionnée par tes oeuvres et aujourd’hui comme hier (mon premier choc date de 2014 via Magali et Facebook) j’admire ton travail et l’infinie variété des techniques que tu emploies avec autant de talent. Je suis très fière de notre collaboration sur “Amours et Déchirures” et je suis pleine d’espoirs pour le prochain projet. Je n’oublierai jamais l’intensité et la résonance ressentie lorsque nous étions au téléphone et que tu réalisas cette huile ( une première pour toi ) en live avec moi…
    Ton oeuvre, c’est toi avec toutes tes blessures, ta profondeur d’âme, ta tendresse et la passion qui t’anime…Continue d’ouvrir plus large le chemin et pour ma part, je serai toujours dans le sillage pour suivre le cours de tes dessins…

    1. Ma chère Isabelle,
      Tes mots me tirent, encore une fois, les larmes.
      J’ai adoré vivre cette aventure créative avec toi, tellement intense. Tu as su m’inspirer, telle une onzième Muse. Il est rare de rentrer ainsi en résonance, en harmonie avec quelqu’un, c’est un cadeau précieux. Je garde tout cela comme un trésor.
      Merci à toi d’être dans ma vie.

  3. Parcours sombre et douloureux de l’artiste qui a su le sublimer en un oeuvre émouvante, riche de couleurs et de création, mais aussi de partage par la générosité de la transmission.
    Il faudrait bien sûr voir une expo en vrai, comme tout oeuvre d’art , et je ne manquerai pas d’y aller si l’occasion se présente. .
    Merci Martine pour ce bel hommage et à vous Sandrine Wely, qui par vos mots ,savez nous initier à votre processus de création .
    Bien à vous

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