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Simone Pacot, bienfaitrice du cœur profond

J’ai découvert Simone Pacot, qui fut d’abord avocate au barreau de Paris, grâce au magazine La Vie. Une partie de mon été a été consacrée à la lecture de son œuvre majeure : la trilogie de L’Évangélisation des profondeurs. Ces ouvrages qui permettent de relier la réalité psychologique à la spiritualité m’ont stupéfaite et enchantée.

Simone Pacot, décédée en 2017, est née au Maroc. Elle a d’abord « exercé le métier d’avocate », nous est-il expliqué en 4ème de couverture, « tout en essayant de vivre sa foi et en œuvrant dans son pays natal à la réconciliation entre chrétiens, juifs et musulmans ».

C’est à son arrivée en France et à la suite de « difficultés personnelles » qu’elle s’oriente vers la psychologie, ayant découvert en elle « une part inexplorée » – et il est vrai, comme cela nous est rappelé, que « pendant des siècles, des croyants ont évangélisé jusqu’aux confins du monde mais ont négligé l’évangélisation de leurs propres profondeurs ».

©MartineRoffinella.

Est-il possible de « vivre en chrétien » toutes nos émotions et même celles, parfois inavouables, que nous assumons plus ou moins bien, comme la peur ou la honte ?
Sommes-nous encore – même si nous pensons avoir accepté en conscience toutes les tranches de notre passé – « malades de notre histoire » ?
Simone Pacot nous explique le « rapport vital » entre la psychologie et la foi.

Dans l’avant-propos à L’Évangélisation des profondeurs, elle raconte s’être trouvée, à un moment de sa vie, dans « l’impuissance » à « sortir d’un blocage relationnel », car elle travaillait sur les symptômes en négligeant en fait « l’épicentre » de son problème.
Et cet épicentre, elle devait le « mettre au jour ».

Elle entreprend alors une psychothérapie et suspend temporairement sa foi chrétienne. Puis, à l’occasion d’un séminaire sur « la guérison intérieure », elle comprend « l’articulation, la jonction possible et nécessaire entre les plans psychologiques et spirituels ».

©MartineRoffinella.

L’approche de Simone Pacot permet – non sans susciter un réel étonnement – de revoir les notions que nous avons de Dieu, notamment celle du Dieu de condamnation qui nous dégage en quelque sorte de tout choix, puisqu’il suffit d’obéir.
Or, chaque personne a sa « part de responsabilité » dans sa propre histoire, qui ne se confond pas avec l’autoflagellation et la culpabilisation.

Simone Pacot met alors à profit tout ce qu’elle a appris en psychothérapie pour quitter ses « chemins de destruction » et prendre « les chemins de vie » que la Parole lui désigne.
En somme, il s’agit d’apprendre à « vivre une articulation entre les dimensions corporelle, psychologique et spirituelle » et aussi de comprendre comment « la grâce du Dieu trinitaire peut vivifier notre humanité ».

La trilogie nous donne des repères, nous guide, nous permet d’accepter ce que nous sommes dans notre condition humaine tout en déployant une « identité spécifique » – notions fondamentales pour construire notre « unité intérieure », « entrer » dans notre « fécondité » : nous « reconnaître », par des voies que j’ai trouvées vraiment nouvelles, enfants bien-aimés de Dieu.

©MartineRoffinella.

Ainsi, après avoir « reconnu » nos blessures et assumé la violence à double tranchant qu’elles impliquent, il devient possible d’« accueillir la consolation » et d’« oser la vie nouvelle » en même temps que « la joie paisible de la Résurrection » : les trois ouvrages de Simone Pacot donnent une foultitude d’exemples concrets qui confèrent à cette dernière notion une réalité inouïe.

Et n’allons pas croire qu’il s’agit d’une théorie de plus visant à nous convaincre de l’existence de Dieu ou cherchant à rameuter des adeptes ! Les livres de Simone Pacot ne sont jamais racoleurs et ne cherchent à convaincre personne : ils donnent des clefs, des possibilités de se visiter soi-même, de débusquer ces détails en apparence anodins qui pourtant gardent nos blessures ouvertes et suintantes.

Citons par exemple Monique, qui « console sans arrêt les uns et les autres » – trop sans doute, car cela finit par agacer ceux qui la côtoient. Elle s’interroge sur cet aspect excessif dans la « fonction consolatrice », et après un cheminement intime, elle se revoit à l’âge de six ans : « Moi, je ne suis pas comme les autres : les autres ont une maman, et moi, je n’ai pas de maman ; personne n’est aussi malheureux que moi, et personne ne pourra jamais me consoler. »

Monique refuse toute aide – elle ne peut pas « recevoir » mais se reconnaît bientôt dans le rôle de « consolatrice » : c’est « sa façon d’exister » qui aboutit à : « Personne ne peut me consoler, Dieu lui-même ne peut me consoler, moi, je vais consoler à sa place. »
Monique, à son insu, a « pris une place qui n’est pas la sienne ».

©MartineRoffinella.

La trilogie – L’Évangélisation des profondeurs ; Reviens à la vie ! et Ose la vie nouvelle ! – compte près de 1200 pages, il m’est impossible de rendre ici compte de tout ce que sa découverte apporte comme richesse, bien-être et compréhension de soi qui ne se confond pas avec le culte du « moi » victimaire.

Mais je voudrais terminer cette chronique par ce que Simone Pacot nomme « le cœur profond » et qui concerne chacun·e d’entre nous.
Qu’est-ce donc ?

« Le cœur profond n’est ni l’émotion, ni l’affectivité, ni le sentiment. Il n’est ni la psyché ni l’intellect ou la raison » – c’est « le centre de notre être, notre noyau le plus intime, le cœur du cœur ». Il peut être « méconnu, en sommeil, fermé, mais il ne peut mourir ».
Alors, nous dit Simone Pacot : « Cherchez, creusez votre champ et vous trouverez le trésor caché. »


– L’Évangélisation des profondeurs – Un chemin vers l’unité intérieure, Simone Pacot, éd. Points Vivre, 7,80 euros.

– Reviens à la vie ! – Cinq repères essentiels pour avancer, Simone Pacot, éd. Points Vivre, 8,10 euros.

– Ose la vie nouvelle ! – Les chemins de nos Pâques, Simone Pacot, éd. Points Vivre, 8,50 euros.

 

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2 commentaires sur “Simone Pacot, bienfaitrice du cœur profond”

  1. “Un bien-être et une compréhension de soi qui ne se confond pas avec le culte du « moi » victimaire”. Voilà précisément pour moi aussi, l’avenir du développement personnel et de la quête spirituelle.
    Je pense qu’il est temps de passer au “nous”. Le “je” est devenu bien trop égoïste, égotique, individualiste dans nos sociétés.
    Le cœur profond, serait-il alors ce “nous” qui habite tout un chacun, cette part commune qui nous relie tous et qui est au-delà de tout ?

  2. Quelle belle mise en lumière, Chère Martine ! Il faudrait que tant d’êtres pas encore “éveillés” au sens spirituel, puissent apprendre très naturellement à tuer cet ego qui est au centre de tout dans cette société. Redevenir humble, mettre un mouchoir par dessus sa fierté et admettre que notre si bref passage ici devrait se faire dans l’amour inconditionnel et universel, dans la découverte de l’autre et d’accepter les différences pour les transcender, les percevoir comme un privilège pour dépasser son “soi”. Quel travail encore pour détendre, ouvrir les esprits formatés depuis des générations trop de jalousies, de méchancetés gratuites, de quêtes du pouvoir… Fiat Lux sur les ignorants !

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