Qui m’a ôté une tête ? Qui m’a déboîté une aile ? Qui m’a dévissé le battant ? Qui m’a disséminée tout entière ? En bord de mer j’emperle le sable. Les bois morts sont mes veines essorées. Les algues noires mon sang aplati. Mes ongles sont sel – seule j’inexiste.
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Le souvenir m’a confondue de fond en comble. C’était elle ce fut moi. Il flotte une indécence. Je suis cette impudeur décharnée. Ma bouche est un cercle où s’effondrent les amantes. Mes bras sont ces pages invisibles où se tisse le désastre. Y écrire c’est s’effilocher. Se pendre à mon cou c’est s’étrangler jusqu’au noir.
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Qui pour perdre le souffle à me croiser ? Qui pour se creuser les genoux à me prier ? Qui pour s’exiler à m’offrir sa croupe ? Sur le ventre j’approche, j’accroche. Il fait soie en mon centre. Froisser l’eau ? Dénouer mes rides ? Rembarquer dans ma joie ? Pagayer mes seins ?
M’aime pas.
11 novembre 2022
À MON NON-SOUVENIR #3