Elle entre dans une église pour prier.
Nul ne sait ce qu’elle a en tête. À qui elle pense au moment où elle pénètre dans ce lieu de paix. Ce qu’elle vient y chercher. Peut-être veut-elle juste laisser son paquet de soucis à l’extérieur. Avoir un peu de répit.
Il est encore tôt dans la matinée. Elle marche dans ce lieu où est accroché le Christ sur sa croix. Se prépare-t-elle à formuler son souhait ? Vient-elle demander du réconfort pour elle-même, ou pour quelqu’un de sa famille, ou pour une amie ?
Elle regarde ce Jésus mort d’amour. Peut-être se dit-elle qu’après avoir été cloué vif sur une croix il pourra entendre sa propre peine.
Car oui elle porte une peine. Tout le monde a la sienne. Mais elle a un besoin cloué vif de la partager.
Elle est entrée dans cette église parce qu’elle sait qu’ici elle sera comprise. Dans les deux sens du terme. Incluse à l’amour et saisie.
Un signe de croix. Un regard vers le chœur. Que pense-t-elle ?
Elle cherche où s’asseoir. Sans doute a-t-elle sa petite préférence. Son endroit à elle pour prier. Près d’une statue de saint. Ou au centre face à l’autel.
L’église est presque déserte.
Elle peut entendre ses propres pensées résonner telles de fausses notes. Justement elle vient ici pour les accorder. Trouver l’harmonie des sons en elle. Ce brouhaha elle veut le transformer en lumière. Et elle sait qu’ici dans cette église c’est possible ce miracle-là. Elle vient pour cette recherche de paix. Ce besoin de rangement.
S’assoit-elle ? S’agenouille-t-elle ? Joint-elle les mains ? A-t-elle apporté une Bible ou un missel ? Ou rien ?
A-t-elle le temps de commencer à prier ?
Peut-être incline-t-elle la tête. Elle ferme les yeux pour mieux chercher la présence du Christ. Ses lèvres murmurent – quoi ?
Derrière elle une ombre. Une lame.
Le son est égorgé.
Cette tête qui priait est presque séparée du corps.
Ici dans ma maison j’entends crier.
C’est elle c’est moi.
Elle morte.
Martine Roffinella.
Hommage aux victimes
de l’attentat de Nice du 29 octobre 2020
en la basilique Notre-Dame de l’Assomption.
Un bel hommage… Merci Martine.
» Le son est égorgé » marque bien la violence de ces actes barbares…
Merci de nous avoir livré cet hommage touchant et pudique.
Ces atrocités perpétrées par des individus qui se prétendent musulmans me confortent dans l’idée que la superstition est aux antipodes de la foi sincère.
Certains dessins humoristiques représentant Muhammad peuvent certes déranger et nous sommes en droit de ne pas les apprécier mais celui qui juge cela sacrilège divinise le prophète de l’islam (sacrilège d’un tout autre ordre).
De plus, ce dernier n’étant jamais représenté, le caricaturer est objectivement impossible, et s’emparer d’une provocation somme toute dérisoire pour assassiner ses semblables relève non de la foi mais d’un sadisme totalement injustifiable devant les hommes et devant Dieu.
« C’est elle c’est moi.
Elle morte ».
Les derniers mots.
Les plus beaux, les plus durs.
Tout est là.
Il n’y a plus rien à dire.
Bel hommage!
Combatre l’obscurantisme toujours !
Croyant ou non ,ces actes barbares sont insupportables