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Flâneuse Moderne croque le monde (et nous en redemandons) !

Les réseaux sociaux sont souvent accusés de véhiculer des flots de violence et de haine, mais de belles rencontres s’y déroulent aussi, à la fois amicales et artistiques. J’ai ainsi découvert le talent de Flâneuse Moderne sur Twitter – immédiatement happée puis séduite par son coup de crayon singulier et son regard pluriel sur ce qui l’environne.
La foule

Mais qui est donc la mystérieuse Flâneuse Moderne, laquelle vient régulièrement partager ses œuvres sur le réseau Twitter ? En secret elle m’a confié aimer « déambuler sur la Toile et poser son regard sur le monde » mais « sans se prendre au sérieux » ni accorder plus de valeur que cela à ses publications.

Ouvrir une fenêtre, capter, partager – rencontrer les émotions des un.e.s et des autres, créer en quelque sorte un langage par l’image.

« Un peu rouillée, je pensais perdre la main. »

Pour ma part j’ai tout de suite été sensible à cet univers crayonné, et à cette façon qu’a l’artiste d’esquisser, sans en avoir l’air, en toute légèreté, des aspects intimes de notre personnalité ou des émanations secrètes de l’univers environnant – des êtres et/ou des choses qui le composent.

« Silence, je lis. »

Quelle ne fut pas ma surprise de voir un jour apparaître sur Twitter mon propre portrait dessiné par Flâneuse Moderne ! Là encore, elle a su capter quelque chose que la photographie de mon « profil » ne livre pourtant pas – est-ce dans les yeux ? Dans l’expression ? Dans le port de tête ? Interrogée, l’artiste dit avoir voulu, « un jour, juste comme ça », m’offrir ce croquis, « sans prétention et sans être portraitiste, comme un instant croqué à grande vitesse dans le paysage de Twitter pour sauvegarder [son] disque dur interne des quelques visages qui sillonnent [ses] ondes ».

Portrait de Martine Roffinella

Eh bien moi je dis : chapeau bas !

Bouquet final

Quatre questions à Flâneuse Moderne

MARTINE ROFFINELLA : Est-il indiscret de vous demander votre âge et quelle formation artistique vous avez suivie ? Pouvez-vous nous dévoiler les principales étapes de votre parcours ?

FLÂNEUSE MODERNE : Je suis née en 1978, autant dire qu’à l’heure où j’écris, je crois que je traverse avec grand bonheur la plus belle période de crise de mon existence, à savoir la quarantaine ! C’est drôle car c’est tout plein d’ambitions nouvelles et d’énergie positive revisitée ! Enfant, je dessinais et j’écrivais beaucoup. Au collège, ma prof d’arts plastiques m’encourageait à m’orienter vers la création. Au lycée, j’ai suivi une filière littéraire et artistique.

Bac en poche, j’ai passé le concours des Beaux-Arts. Je suis donc diplômée d’une École des Beaux-Arts, mais cela ne me donne ni un ego démesuré, ni de légitimité artistique. À l’époque, j’ai réalisé des expos de peintures, de photographies, une installation, une maquette de livre jeunesse en pop-up et quelques bricoles de films d’animation… Un de mes professeurs ne voulait pas que je quitte les Beaux-Arts et me disait que je traversais une étape de remise en cause, mais la réalité m’a prise par la main.
Comme je voulais garder les pieds sur terre, devenir indépendante, entrer et survivre dans ce monde, je me suis mise à chercher le métier qui me permettrait de savoir pourquoi je me lève le matin et qui me laisserait la liberté et le temps de poursuivre mes gribouillis…

Pour ne pas perdre pied, j’ai toujours travaillé dans l’animation et le social, avec l’envie de transmettre aux plus jeunes ma passion pour ce qui se rapporte à la création (j’ai mené des stages de film d’animation, de création de marionnettes, de petites pièces de théâtre…). J’ai donc poursuivi des études dans le domaine de l’éducation. Aujourd’hui, je suis restée touche-à-tout (photographie, dessin, peinture, collage, sculpture…) et la création est quelque chose de vital pour moi.

M. R. : Comment choisissez-vous vos sujets d’inspiration ? Avez-vous toujours de quoi dessiner sur vous ? Êtes-vous davantage attirée par les paysages ou par les humains ? Urbains ou campagnards ?

FLÂNEUSE MODERNE : Je m’inspire de mes lectures diverses et variées, de musiques, de mon vécu, de souvenirs, de sentiments traversés, d’un ressenti et de ce que je vois. Je croque souvent au théâtre l’expression de mes amis comédiens et je photographie leurs corps dans cet espace… Par manque de place chez moi, j’ai opté pour le confort du carnet et des crayons, c’est transportable et pratique quand me vient une idée. Je garde dans mes tiroirs un carnet d’écriture. L’humain reste au cœur de mes inspirations. Dans les paysages, c’est davantage une lumière, des lignes et des formes qui m’attirent, parce qu’elles échappent au regard que l’on porte habituellement sur le monde et les choses, je crois.

Sur le fil

M. R. : Quels sont vos « territoires » artistiques de prédilection, à savoir quels détails, parfois infimes, aimez-vous capter pour les restituer ensuite à votre façon, avec votre « patte » si spécifique qui d’une certaine manière recrée l’histoire desdits « détails » ?

FLÂNEUSE MODERNE : Question difficile… C’est comme entrer dans le détail de l’inconscient de ma petite personne ?!… Ma mémoire a accumulé un paquet de références parce que ma curiosité artistique est sans fin et qu’elle alimente mes pensées créatrices. Je suis plutôt intuitive. J’ai besoin de capter les choses qui m’entourent, faire un temps d’arrêt sur : un mouvement, une posture, une attitude, un regard, une ombre, un contraste… J’aime expérimenter ce qui relève de la matière quand je sors l’acrylique, libérer le geste quand je passe aux grands formats, assembler des textures et couleurs quand je m’essaye au collage… En fait, je me remets aux dessins et autres gribouillages depuis 1 an et je bricole spontanément des choses parce que j’en éprouve le besoin et que j’ai l’envie de partager ces flâneries sur Twitter que je vois comme un outil de création ouvert… Partager mon regard, faire une sorte de cahier de bord du monde qui passe sous mes yeux, comme pour sauvegarder ces images des êtres et des choses qui défilent à grande vitesse….

M. R. : Concernant plus précisément les portraits, vous semblez débusquer des parties intimes de vos modèles qu’eux-mêmes, parfois, pensaient avoir dissimulées. Imaginez-vous, grâce au dessin, visiter un bout d’âme de chacun.e ?

FLÂNEUSE MODERNE : Encore une question difficile… Peut-être… Je ne suis pas portraitiste et je ne veux pas m’enfermer dans cette case qui, je pense, limite la création. Je ne sais pas s’il est possible de capter l’âme d’une personne que je ne connais pas ou d’une personne qui passe sous mes yeux… Cela me rappelle les cours de modèle vivant aux Beaux-Arts. C’est comme un regard volé sur un être, parce que quelque chose m’a interpellée ou touchée… Mais, cela reste très délicat pour moi de montrer le portrait que je fais d’une personne, quand ce portrait ne prétend pas être réaliste. Ce fut le cas pour votre portrait « juste comme ça ». Tout le monde n’apprécierait pas.

Dans mes croquis de vie au théâtre, mes amis comédiens apprécient et reconnaissent les personnages qu’ils interprètent, les sentiments ressentis, les expressions, parce que, quelque part, je suis imprégnée de ces personnages lors des répétitions. Dans mes croquis de foule, ce sont des expressions de visages croisés que j’esquisse. Et là, je suis soulagée de me dire que ce sont des mouvements et expressions qui ont capté mon attention, que ces gens ne se reconnaîtront pas. Ces êtres sont des passants furtifs stockés dans ma mémoire et que ma main a esquissés en toute liberté.

En oblique
Contacter Flâneuse Moderne : decouvrir236(@)gmail.com
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13 commentaires sur “Flâneuse Moderne croque le monde (et nous en redemandons) !”

  1. À travers cet échange, je découvre une artiste et aussi une personnalité qui ne se prend pas au sérieux. Je dirais humble, ce qui de nos jours, est un mot presque désuet. J’apprécie particulièrement l’oeuvre “Sur le fil”.
    On ne peut qu’encourager à continuer.

    1. Bonsoir Colette,
      Je vous remercie de ces précieux compliments sur ma petite personne qui me vont droit au cœur. C’est un plaisir de vous envoyer un peu d’humanité croquée “Sur le fil” au détour de mes déambulations. C’est un honneur pour moi de me retrouver ici, “Sous le pavé, la plume” de Martine, dont les encouragements me donnent des ailes. Je m’en retourne à mes flâneries et j’emporte vos encouragements dans mon carnet de croquis…
      Flâneuse Moderne

  2. Beau portrait qui permet de donner “chair” à cette Flâneuse que je suis de loin en loin sur twitter.
    J’aime la douceur de votre portrait, mais également l’énigmatique puissance des regards des derniers portraits.
    Voilà à quoi doivent mener les réseaux sociaux : au meilleur des échanges.
    Merci à vous.

    1. Bonsoir Emma Emma,
      Heureuse de vous retrouver ici, parmi « La foule » … La magie des promenades virtuelles pour le « meilleur des échanges » m’a emportée … Ici… « Sous le pavé, la plume » de Martine. Quel honneur de poser mes dessins dans cette chaleureuse maison, où il fait bon flâner. Immense gratitude. Je m’en retourne à mes flâneries et j’emmène vos commentaires dans le disque dur de ma « chair »…
      Merci à vous.
      Flâneuse Moderne

  3. Toujours “sur le fil”, tel un funambule qui avance vers cette nouvelle aventure. De beaux croquis qui me donne envie de suivre Flâneuse Moderne sur la toile.
    Bonne continuation…

    1. Chère Carol Carol,
      Merci pour ce regard posé « Sur le fil », “ô” fil du crayon… Me voilà, pour une déambulation, ici-bas « Sous le pavé, la plume » … Et, le funambule, depuis là-haut, a comme une envie de gribouiller qui le chatouille à nouveau, je l’esquisserai d’ici peu… Bienvenue. La porte de ma maison est ouverte. Ce joli commentaire que voilà, je l’emporte avec moi !
      Flâneuse Moderne

  4. Voici la belle surprise de ce dimanche!
    Ces quelques croquis donnent envie d’aller flâner sur votre compte, et découvrir un peu plus votre univers!
    Merci pour ce partage et bonne continuation.

    1. Bienvenue dans mon univers Yamaru,
      Je serais heureuse de vous accueillir dans ma modeste demeure où il y fait bon flâner… Je vous remercie de ce commentaire-là, que j’embarque aussitôt dans le disque dur interne de mes déambulations !
      Flâneuse Moderne

  5. Merci Martine Roffinella de nous faire découvrir cette belle artiste.
    Ce portrait, tout en sensibilité et en simplicité, me donne envie de découvrir d’autres œuvres (plastiques et littéraires) de cette mystérieuse Flâneuse.
    Puisse cette « crise existentielle » vous faire créer encore et toujours plus !

    1. Avatar photo

      Grand merci à vous en retour – d’avoir pris le soin de regarder le travail de cette artiste, qui je l’espère poursuivra une belle route créative ! Que vivent en effet tous les arts, encore et toujours davantage !

  6. Je vous remercie infiniment Eusa de ce joli commentaire qui m’encourage à poursuivre vers un chemin de création, dans lequel, j’ai l’impression que j’ai peut-être mon « mo(t)…deste » dessin à dire ou écrire… Nous verrons bien… Pour l’heure, c’est ici, « Sous le pavé, la plume », de Martine Roffinella, que je ne remercierai jamais assez pour tous ces encouragements, que s’ouvre une porte vers de nouvelles flâneries artistiques.
    Et oui, vive tous les arts !
    Flâneuse Moderne

  7. Bonjour,
    Guidée par eMmA, je découvre avec bonheur des talents, ceux de l’artiste bien sûr, que je félicite pour ses dessins si vivants, et ses réponses si pleines de simplicité, mais aussi les talents de celles qui savent montrer ce qu’elles ont découvert, ce qu’elles ont aimé. Merci à toutes, eMmA, Roffi, Flâneuse Moderne.
    N’ayant pas Twitter, j’espère vous croiser ici où là Flâneuse moderne, pour entrer à vos côtés dans un univers riche de belles âmes.
    Belle journée
    Anne

    1. Merci à vous, Anne, de ce regard porté sur mes dessins, et à eMmA Messana pour vous avoir guidée jusqu’ici. Une belle rencontre artistique et humaine.

      Grand merci à Martine Roffinella de nous faire voyager artistiquement au travers des articles de ce blog. Rencontre avec de belles âmes aussi.

      La bienveillance rencontrée sur Twitter me montre que cela valait la peine d’ouvrir ma fenêtre.

      Belle soirée,

      Flâneuse Moderne

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